Entrevue de Svadaa (NLO)

Le petit village médiéval de Svaada, chef d'oeuvre de l'architecture nadüréenne était en pleine effervescence. Il n'y avait pas les habituels badauds dans les rues mais une armée de soldats qui quadrillait la ville.

C'est que l'humble village accueillait une entrevue diplomatique de la plus haute importance. Au sein du magnifique manoir comtal, le Premier Fehér Kaljulaid parmi les siens arborait une mine grave et sérieuse.

Kaljulaid accueillit ses hôtes, notant le tact et les efforts diplomatiques. de Bourikov et le regard noir d'Oubliot. On s'échangea les saluts militaires en vigueur, après quoi l'assistance s'installa dans la grand-salle comtale.

Les intuitions du Premier Fehér s'étaient avérées justes. Cette entrevue serait celle qui mettrait fin à la guerre. Il en était le vainqueur et il avait en face de lui, en particulier en la personne d'Oubliot, les vaincus.

- Messieurs, merci pour votre exposé. Vous l'avez formellement reconnu. Mes armées reprendront Levrad, quoiqu'il arrive et quoiqu'il nous en coûte. Je mettrai fin à cette guerre d'agression que je n'ai pas voulue et que des acteurs irresponsables, Livadiens ou étrangers, ont sans cesse cherché à ralimenter.

Je suis d'accord avec votre proposition sur le fond, mais il faut la retravailler. Je consens à l'accord suivant : évacuation des brigades merksistes internationales et remise de la place de Levgrad. Néanmoins, nous nous opposons formellement à l'évacuation des civils et soldats livadiens.

En son for intérieur, Kaljulaid ne pouvait accepter le départ de milliers de Livadiens. C'eût été trop dangereux. A travers eux, la République livadienne survivrait à l'étranger, et puis, il était hors de question de vider Levgrad de ses habitants, la Livadie ne comptait que près de huit millions d'habitants, le capital humain était trop précieux pour que l'on s'en prive.

Kaljulaid reprit.

En échange, nous vous proposons la remise de tous les citoyens valdisks faits prisonniers ces dernières semaines. Ils sont au moins un millier. Songez à cela, lieutenant-colonel. Devant le désastre qu'a constitué l'expédition de l'Internationale Merksiste, votre gouvernement pourra toujours se targuer devant votre opinion publique d'avoir ramené tous les boys à la maison. Evidemment, nous attendons une forme de réciprocité avec la remise des quelques prisonniers nationalistes que vous avez pu faire pendant le siège de Levgrad, en y incluant notre agent, prisonnier à Maskva.

Voilà ce que je vous propose Messieurs. Votre honneur sera sauf et des vies seront épargnés. Qu'en dites-vous ?

Kaljulaid souleva un sourcil d'un air dédaigneux.

- Nous ne sommes pas dans le dernier des bistrot de Micropolia Monsieur. Tenez-vous ! Vos accusations sont graves et mensongères. Vous n'êtes pas le gardien des Livadiens et vous n'avez aucun droit sur eux.

Kaljulaid haussa les épaules d'un air désabusé, fatigué des grandes incantations morales d'Oubliot qui ne pouvait faire que des rodomontades.

- Fort bien, colonel. Nous avons donc un accord. Je vous propose un cessez-le-feu de quarante-huit heures. Le temps pour nous de convoyer les prisonniers valdisks et de vous les remettre. Après quoi, vous quitterez la place. Nous commencerons à l'investir mardi prochain à midi. Messieurs, nous venons de terminer une guerre.

Kaljulaid était agacé par cette grande gueule d'Oubliot qui oubliait que des trois parties présentes ici, il était celui avec le moins de cartes en main.

- Ce ne sont pas vos camarades. Ils sont Livadiens et n'ont pas envie de votre aventure. Que croyez-vous ? Nous sommes un état de droit et les civils n'ont rien à craindre de leur chef. Ne rêvez pas, vous ne fonderez pas une Livadia rouge. Partez et laissez nous. Vous avez fait assez de mal à mon pays et aux miens.

Saluant plus aimablement Otchisky.

- Monsieur.

Et l'entrevue prit fin.