Camp spécial de Micraustrale

Le camp spécial de Micraustrale était l'un des endroits les plus sinistres que la terre eût jamais portée.

Ici, plusieurs centaines de Livadiens peinaient dans des conditions polaires pour creuser les mines d'édoranium et construire le chemin de fer qui permettrait son exportation vers la métropole.

Ces prisonniers s'étaient retrouvés ici car ils étaient la tête du mouvement merksiste et républicain livadien. La couper donnerait au pays la paix pour un siècle avait dit le Premier Fehér.

Assi, diplomates hommes politiques, bandits, entrepreneurs, artistes, dissidents de luxe, espion trimaient et mourraient sous la surveillance des nervis de l'OSCE qui avaient droit de vie et de mort sur eux.

Car c'était bien de cela dont il s'agissait ; d'un lieu de mort. Ces gens-là ne devaient pas rentrer vivants en Livadia.

Les travaux étaient terminés.

Aux plusieurs centaines de personnes déjà sur place s'étaient aoutés d'autres venus des camps de la métropole. Ils ne s'agissaient que des prisonniers avec des casiers judiciaires lourds : massacres de soldats désarmés, persécution de prêtres, hauts responsables de la République, collaborateurs zélés de l'étranger.

Près de six cent personnes attendaient dehors sous le froid, six cent républicains frappé d'indignité nationale, six cent criminels jugés par la cour de haute Justice livadienne.

Un officer s'avança et lut un acte. Ces six cent personnes étaient condamnés à mort. Aucun recours possible.

Une clameur de désespoir monta de la foule. Vae Victis cria un garde qui avait perdu son frère, massacré à Valme.

Pendant un jour et un nuit, les exécutions à la pendaison se succédèrent. Sinistre jour, sinistre nuit.

Kaljulaid avait mal dormi cette nuit-là. Six cent condamnés à mort avaient été exécutés et près de huit cent en tout était mort dans cet horrible camp.

La justice, indépendante, avait parlé. Elle avait fait son devoir. Tâche ingrate que celle qui constituait à punir les méchants et à protéger les innocents. Les Livadiens l'en remerciaient. Après chaque guerre civile, il y avait toujours une épuration, elle était demandée avec véhémence par la population. C'était-là l'ordre des choses : les traitres, les criminels les plus infâmes étaient mis au ban de la société et ce définitivement.

Kaljulaid ordonna donc de fermer le camp. Il avait - remporté la guerre civile; - décapité le merksisme. Aujourd'hui, il mettait fin à l'épuration et cet acte aussi sinistre soit-il était le premier pas vers la transition démocratique.